Nous sommes partis à l’aube un samedi matin pour la plage… sans maillot de bain, ni serviette, ni pelle. Mais en baskets avec des casquettes : nous avons participé au « beach clean up » de l’automne sur les plages à proximité de Kingston.
La Jamaïque aspire à entrer dans l’ère du tri et du recyclage, du bio, du solaire… mais rappelez vous, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Les habitudes sont lourdes et les bonnes idées manquent de moyens. On ne trouve pas sur les plages les canettes de bière car elles sont consignées, mais des bouteilles en plastique et des barquettes de « rice and peas » en polystyrène il y en a… des tonnes ! Ces déchets jetés n’importe où, ou bien tombés d’un bateau sont ballotés par les vents, les courants et la pluie et s’entassent sur les plages à la sortie de la ville.
Grace à l’importance économique du tourisme, à l’énergie de la jeunesse et son exposition aux medias internationaux : les choses démarrent doucement. Il y a des initiatives, des gens qui parlent, qui cherchent des solutions, mettent en place des projets… on me demande parfois comment nous nous sommes mis à trier nos déchets en France, si ça a été long, etc.
Dans ma rue, les poubelles (non triées) sont mises dans des cages sur le trottoir et ramassées une fois par semaine. Les déchets finissent dans une immense décharge qui a pris feu il y a deux ans, submergeant la ville d’un nuage et de cendres pendant des jours. Une des actions prioritaires du nouveau gouvernement (l’an dernier) a donc été de sécuriser la décharge pour éviter que cela se renouvelle. Ils ont construit des murs pour isoler les différentes zones et limiter les propagations d’éventuels incendies. Ils ont creusé des cheminées pour que les gaz liés à la fermentation des déchets s’évacuent sans créer de poches souterraines… une fois cette tâche accomplie, le budget était consommé.
On est loin de la mise en place d’un circuit de recyclage !
Difficile de donner les moyens à des projets environnementaux quand les hôpitaux et les écoles n’ont pas ce dont ils ont besoin…
Tout au long de l’année, Nuh Dutty Up (en patois dans le texte : « Ne salie pas ») : une organisation environnementale très active, organise entre autres des nettoyages de plage. En septembre, c’est le tour de Kingston… On y va en groupe, souvent avec son entreprise ou son école. On enfile tous le même T-shirt et on se donne rendez-vous à la même heure sur le même point de départ.
C’est ENORME !
Enorme la quantité de déchets ramassés (50 tonnes l’an dernier), énorme le nombre de participants (plus de 9000)…
Enorme l’organisation mise en place.
C’est un vrai événement pour lequel on s’inscrit en ligne, il y a des parking VIP, des parking de bus. Tout au long de la côte sont parsemés plusieurs villages de stands : d’information, de materiel (sacs, gants…), d’eau (prenez vos gourdes : les bouteilles en plastique ne sont pas les bienvenues !), de vente de T-shirts, de renseignements pour devenir bénévole, d’énergie avec une banane, une orange ou un cookie…






Une infirmerie, des toilettes et une énorme fontaine pour se laver les mains (et même les bras), une fois les sacs d’ordures déposés au stand idoine…
Les lutins volontaires de l’organisation sont absolument partout… si bien que tout roule : on sait où se garer, comment constituer son équipe de ramassage… Nos bras deviennent efficaces en quelques minutes ! La tâche qui est confiée à chaque groupe n’est pas colossale et à la portée de tous : deux sacs poubelle, une feuille pour noter le nombre de déchets par type de déchet. Dans certains coins pas besoin de marcher beaucoup : les sacs sont très vite remplis !
Voici les statistiques publiées par Nuh Dutty Up, sur les types de déchets ramassés l’année dernière :
Ah ! les bouteilles en plastique… 225 000 bouteilles et 76 000 bouchons (combien de bouchons reste-il dans la nature ?) !
Enorme encore le sound système bien sûr… En Jamaïque rien ne se passe sans musique !
Enorme aussi la communication, avec le gros sac en plastic gonflable devant lequel les groupes se prennent en photos et partagent leur action sur les réseaux sociaux. L’opération est relayée dans les médias, les journalistes, les cameramen, les drones sont là pour mettre dans la boite toute cette énergie et la diffuser !
Un site internet, une chaîne Youtube… et je pense que je n’ai pas tout vu !
Depuis samedi, j’ai cet air dans la tête, je le partage avec vous ! Voici un petit karaoké en « patwa », et une vidéo pleine de conseils qui ne sont pas encore des évidences pour tout le monde dans ce pays… le tout sur un air très jamaïcain.
Enorme… et pourtant c’est tout petit à l’échelle de ce que nous avons encore à faire…
Nuh dutty up Jamaica !
Vraiment très intéressant!
Impressionnant!
J’aimeJ’aime