A quoi tu penses, O Pensador ?

Le penseur ?

Longtemps j’ai cru que LE Penseur était la statue de bronze d’Auguste Rodin… et que les autres gars plus ou moins nus et perdus dans leurs pensées, éparpillés sur la planète n’étaient que des copies ou des interprétations…


Hé bien je me suis trompée longtemps, il y a a d’autres ! Le Penseur angolais : O Pensador est même un des symboles culturels officiels de l’Angola*.

A l’origine, la figure d’O Pensador serait inspirée des statuettes de bois qui servaient aux devins du nord-est du pays mais la forme moderne sous laquelle il est représenté actuellement est en réalité relativement récente (milieu du 20ème siècle).

Aujourd’hui o Pensador est présent en filigrane dans les billets, dans le logo de nombreuses entreprises, dans toutes les étales d’artisans sculpteurs… un peu comme un coq ! Cette figure est si importante que la Ministre de la Culture a déclaré l’année dernière qu’elle travaillait à son inscription au patrimoine mondial de l’humanité.

Les angolais sont attachés à ce personnage qui représente la sagesse et l’expérience. Celui qui est vieux est forcément un sage : puisqu’il vit encore, c’est qu’il a su prendre les bonnes décisions. A propos : Il ou Elle ? Les avis divergent, mais quoiqu’il en soit cette sagesse inspire le respect.

Je pensais là avoir fait le tour de mes investigations sur cette figure nationale et n’étais pas certaine finalement d’en faire quoique ce soit.

Et puis cet article de Seba qui n’aime pas le Pensador m’a interloquée ! Ah bon ? un angolais n’aime pas o Pensador ? Porque ?

Selon lui, le Pensador a une position de mendiant. Il a l’air d’accepter sa situation comme une fatalité et attend que le gouvernement prenne soin de lui. Il le surnomme le Sofredor ! Cette vision est originale, et a priori peu partagée. Mais je l’ai trouvée intéressante car elle place le Pensador dans la réalité économique de son pays : à la fois très pauvre et où la mendicité est souvent le seul recours à la survie ; à la fois très riche en potentiel économique mais manquant d’énergie entrepreneuriale.

Le contexte historique explique évidement en grande partie cette situation : la guerre d’indépendance, le communisme, la guerre civile… Ces 41 années de 1961 à 2002 n’ont effectivement pas été propices à la formation d’entrepreneurs ! Mais d’une certaine façon c’est aussi le contre pied économique d’un pays qui tire son PIB de rentes (des puits de pétroles et des mines de diamants) plus que de sa production ou de son agriculture.

Un des grands challenges du gouvernement est de mettre en place un contexte et une culture favorables à l’entreprenariat… il faudra encore probablement du temps.

Le Pensador comme Sofrador, ce point de vue amuse finalement les angolais à qui j’ai eu l’occasion d’exposer cette analyse.

Le Pensador reste avant tout un symbole national de la réflexion, de la maturité, de la sagesse…

Et toi Pensador, qu’en penses-tu ?

*les autres symboles officiels nationaux sont : la palanca negra gigante (une grande biche aux longues cornes courbées), la Welwitschia mirabilis (une plante endémique du désert de Namib et qui vit des centaines d’années) et bien sûr le baobab…

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